Bilan depuis 1992

· dailyvici's blog

La COP 27 s'est achevée il y a peu. Il est trop tôt pour savoir si cette COP aura contribué, comme la COP 26, à polariser l'opinion de manière plus prononcée qu'avant (un article en libre accès dans Nature montre que la COP 26 a conduit la twittosphère à se polariser bien plus qu'avant, avec un camp "d'anti", largement pioché dans les milieux très conservateurs, qui monte en puissance : https://lnkd.in/eVRJBvhn ).

Par contre il est toujours temps de faire un bilan de l'évolution des émissions depuis la signature de la Convention Climat, au Sommet de la Terre en 1992. C'est en effet dans le cadre de cette Convention que se tiennent des rencontres annuelles depuis 1995, appelées COP (Convention Of the Parties), qui donnent lieu à de nombreux commentaires sur le fait qu'elles aient été un succès ou un échec.

Le bilan que je vous propose est tout simplement la variation des émissions planétaires de gaz à effet de serre entre 2012 et 2021 (graphique ci-dessous). Pour chaque gaz, et chaque source principale pour le CO2, j'ai regardé de combien avaient varié les émissions de 1992 quand on les regarde aujourd'hui. Par exemple, les émissions de CO2 issu du charbon étaient en 2021 75% plus élevé qu'en 1992.

Pour l'ensemble du CO2 les émissions ont augmenté d'environ 60% en 29 ans, et ainsi de suite.

Dans l'ensemble des énergies fossiles, c'est aujourd'hui le charbon qui engendre les émissions les plus fortes, mais c'est le gaz qui a connu la plus forte augmentation sur la période.

"Lime calcination" désigne en français la calcination du calcaire, c'est à dire la réaction qui a lieu dans les fours à ciment (chauffés à plus de 1000 °C), où la molécule de calcaire - CaCO3 - est décomposée en chaux vive - CaO - et du CO2, ce dernier partant dans l'air. la chaux vive se combine avec d'autres minéraux (marne et argile) pour former le clinker qui, broyé, donnera le composant principal du ciment. Il se produit annuellement environ 4 milliards de tonnes de ciment dans le monde, conduisant à l'émission d'environ 2,5 milliards de tonnes de CO2.

Le méthane a augmenté de 25% sur la période et les autres gaz (protoxyde d'azote et gaz halogénés) d'environ 50% Aucun n'a baissé.

En regardant ce tableau il est évident que d'avoir signé la Convention Climat n'a pour l'heure pas suffit à inverser la tendance. On peut au moins en déduire une conclusion simple : compter essentiellement sur ces réunions pour régler le problème "à notre place" est une illusion. Si nous voulons que les valeurs de ce graphique deviennent négatives (ce qui est l'objectif) il faudra prendre le taureau par les cornes dans chaque pays pris individuellement.

En Europe, comme de toute façon la décrue d'approvisionnement en combustibles fossiles était amorcée avant Poutine, la direction n'est pas négociable. Seules les modalités de la pédagogie du problème et les modalités de gestion de la baisse le sont.

Données diverses et compilation de votre serviteur.

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